« Les fournisseurs d’assurance automobile vont suivre attentivement les futures modalités de télétravail pour voir dans quelle mesure elles auront une répercussion sur les habitudes de circulation au centre-ville, et donc, sur les sinistres d’assurance automobile, après la pandémie », déclare un directeur des sinistres de la RSA du Canada.
Les confinements imposés par le gouvernement visant à éviter la propagation de la COVID-19, ainsi que les réouvertures des entreprises subséquentes, ont déjà rendu la prédiction des habitudes de circulation et du nombre de réclamations plus difficile pour les assureurs. Parallèlement, il y a lieu d’ajouter à cette situation l’impact potentiel des modalités de travail flexibles pendant la période des vaccinations après la COVID-19.
« Les entreprises ont l’occasion de créer certaines modalités flexibles qu’elles n’auraient peut-être pas pu offrir auparavant », a déclaré Kristina Pallas lors d’une entrevue récente avec le Canadian Underwriter.
Kristina est la directrice nationale des sinistres des dommages matériels automobiles à la RSA du Canada. Elle parlait des tendances en matière de sinistres d’assurance automobile pendant et après la pandémie. « Je pense que cela se traduira par [l’influence du nombre] de véhicules sur la route. Il est possible que pendant les heures de pointe, nous puissions constater une diminution du nombre de personnes allant et revenant du centre-ville, par exemple, entre 9 h et 17 h. »
Les volumes de trafic futurs varieraient évidemment selon la région, et aussi selon les types de modalités de travail flexibles que les entreprises pourraient adopter une fois la menace de pandémie levée, a observé Kristina.
« S’agira-t-il de quelques jours par semaine? S’agira-t-il d’une semaine au bureau, une semaine à la maison? Peut-être que les gens cherchent à travailler à domicile pendant une heure, alors au lieu de prendre congé, ils peuvent simplement travailler à domicile... Ce à quoi ressemblera la situation et combien de temps cela durera dépend vraiment de nos gouvernements et s’ils veulent lever les restrictions et commencer le processus de réouverture.
« Je connais des entreprises qui ont décidé d’avoir des gens qui travaillent de la maison même après la pandémie. Ce n’est pas tout le monde qui travaillera à domicile. Vous aurez toujours, appelons cela un achalandage à « l’heure de pointe », mais il différera de ce qu’il était pour la même période l’année dernière et les années avant la pandémie. »
Avant la pandémie, l’industrie connaissait un marché difficile dans l’assurance automobile, où les ratios sinistres/primes globaux augmentaient sur près de 80 % du territoire. En juin dernier, le chef de la direction d’Intact Corporation financière, Charles Brindamour, a prédit que le marché difficile des assurances automobiles durerait encore 24 mois, « avec une pause de six à neuf mois alors que nous traversons le pire moment de la crise de la COVID-19 ».
Par contre, un récent rapport d’Applied Systems, un fournisseur de technologie de l’industrie de l’assurance, suggère que la tarification de l’assurance automobile pourrait avoir été temporairement touchée par la pandémie, du moins dans certaines régions du Canada. Les taux moyens de primes d’assurance automobile des particuliers au Canada ont diminué de 2,6 % au T4 2020 par rapport à la même période en 2019, mais certaines provinces ont constaté une augmentation, selon les derniers résultats de l’indice des taux de prime d’Applied Systems.
Les conditions météorologiques et les confinements ont eu une incidence sur les fréquences de sinistres d’assurance automobile, a observé Kristina Pallas, mais pas de façon prévisible. Habituellement, on peut s’attendre à moins de voitures sur la route avec un confinement, et donc moins de sinistres, mais d’autres facteurs sont en jeu.
« Les confinements et le changement qui permet aux entreprises d’être ouvertes, ainsi que la capacité et l’emplacement de ces entreprises à l’échelle régionale, et [si elles sont ou non] dans les zones les plus congestionnées, [tout joue un rôle] », a déclaré Kristina Pallas. « Dans la région du Grand Toronto et d’Ottawa, nous avons beaucoup plus de circulation, donc vous constaterez un impact plus important [des confinements] que dans les régions rurales. [Quand] la COVID-19 s’est répandue au Canada [en mars et avril derniers], nous avons constaté la baisse immédiate des sinistres lorsque tout le monde devait restait à la maison lors du confinement initial. »
Maintenant, le nombre de sinistres d’assurance automobile diminue légèrement avec les confinements, mais il est aussi prévisible qu’un hiver canadien.
« Avec le confinement récent [en Ontario], nous avons constaté une légère baisse des sinistres, mais [quand] nous regardons cette année, nous avons eu de la chance du point de vue de la météo », a déclaré Kristina Pallas. « L’hiver a été assez favorable. Nous n’avons pas eu de tempêtes de neige majeures ou de tempêtes de neige consécutives à l’échelle du pays. Quand nous regardons ce qui s’est passé l’année dernière, nous avons eu une tempête historique à Terre-Neuve-et-Labrador. En réalité, personne n’a eu autant de neige [cette année], même pas dans l’Ouest. »
Le Bureau d’assurance du Canada a récemment signalé que deux tempêtes hivernales touchant la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan en janvier ont entraîné environ 137 millions de dollars en paiements de réclamations d’assurance. Jusqu’à présent, c’était la seule déclaration d’activités hivernales catastrophiques au T1 2021.
« Il n’y a pas vraiment eu d’événements météorologiques majeurs. En combinaison avec la météo et les confinements, nous avons vu un volume de sinistres plus calme qu’au cours des derniers hivers. »
Cet article a été initialement publié dans le Canadian Underwriter.